Grands-pères

LIVRE POUR LES 10 - 15 ANS

L'histoire :

Antoine, dix ans, voue une véritable passion au foot et à son grand-père. Tour à tour entraîneur et confident, celui-ci refuserait, le cas échéant, de se laisser enfermer dans la maison de retraite, le « tombeau des vieux » comme il l'appelle, devant laquelle ils passent régulièrement. Antoine craint d'y pénétrer. La mort de son grand-père plonge Antoine dans un profond désespoir. Lorsqu'il doit reconduire une personne âgée dans cette maison de retraite, Antoine, avec l'aide de ses camarades de classe, va découvrir un monde qu'il ne soupçonnait pas et faire la connaissance de Louis, un vieux monsieur grabataire. L'un et l'autre vont s'épauler mutuellement. Louis finira sa vie dignement et Antoine retrouvera sa joie de vivre.

 

EXTRAIT :

- Mon petit-fiston, tu viens de jouer comme un Dieu ! Je n'ai jamais vu un but aussi splendide. Un vrai travail de pro. Tu reçois le ballon sur ton pied gauche et immédiatement, pan dans les filets.

- C'est grâce à toi grand-père! Tu m'as tellement briqué mes chaussures toute la matinée que le ballon a rebondi sans effort. Maman t'a dit d'arrêter sinon t'aurais fini par faire un trou. La rue montait insensiblement. Ils venaient tout juste de l'entamer. Elle était bordée, de chaque côté, de maisons à briques rouges. De ces maisons toutes semblables mais qui, dès la porte franchie, dévoilent des vies différentes.

Le garçon tapait dans un ballon depuis qu'ils avaient quitté le stade. Le public avait commencé à scander son prénom quand il avait marqué le but de la victoire, celui qui qualifiait l'équipe pour la finale départementale. Du jamais vu dans la ville. Ses oreilles en étaient encore toutes pleines : « An-toine ! An-toine ! An-toine!».

Il leva les yeux vers son grand-père. Il était plus maniaque que sa mère dès qu'il s'agissait de foot. La veille d'un match, il entamait une inspection générale du matériel. Tout y passait : le short, le maillot, les chaussures. Quand tout était nickel, c'était lui, Antoine, que grand-père vérifiait des pieds à la tête. Surtout les pieds. « Important les pieds, pour un footballeur ! ».

Un sourire éclaira son visage. Oui, il aimait son grand-père. C'était lui qui l'avait bercé tout bébé. A l'époque, grand-père n'habitait pas avec eux. Grand-mère vivait encore. C'est elle qui s'occupait de lui quand il était là parce que la plupart du temps, il le passait sur les bancs du stade de foot à encourager toutes les équipes de la ville. C'était le plus acharné des supporters. Il criait, chantait, hurlait, tempêtait contre la malchance qui envoyait le ballon sur le poteau ou la barre transversale. Il remontait le moral des troupes les jours de défaite, savourait la victoire. A force de suivre son équipe dans tous ses entraînements, à force de l'accompagner dans ses déplacements, on avait fini par le reconnaître, par l'admettre dans les vestiaires. Il donnait un coup de main pour les poussins, les minimes. Il y avait acquis le surnom de « dynamite ». Quand il arrivait, il y avait toujours un enfant pour s'écrier :

       - Tiens, voilà Monsieur Dynamite !

     - C'est vrai qu'il explosait l'endroit où il était. Il était baraqué comme un diable. Un bon diable dévoué corps et âme à ses diablotins qui se chamaillaient pour un rien et qu'il calmait de sa grosse voix. Elle ressemblait à ses épaules : carrée, rugueuse mais Antoine y trouvait toujours le réconfort souhaité. Un mot, un seul suffisait à le rassurer. Alors, il s'enfouissait dedans, respirait très fort et s'imprégnait de l'histoire que grand-père racontait : elle parlait de filet gourmand de ballons qu'un mauvais génie s'amusait à affamer. Il fallait être plus rusé que lui, réussir des crochets, des dribbles, des passes magiques pour le surprendre. Dans toutes ses histoires, grand-père marquait des buts, servait des partenaires en position idéale de tirs, levait le bras en signe de victoire. Dans toutes ses histoires, il devenait le footballeur que ses équipiers traitaient de génie, que les dirigeants se disputaient à coups de millions, dont les coups de pied transformaient le ballon en or.

 

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