REVUE DE PRESSE

DAUPHINE LIBERE 8 avril 1999

Ecrire, pour dépasser le handicap

Un besoin vital d’expression. C’est ce qui caractérise le mieux l’auteur grenoblois Bernard Kieken, handicapé physique passionné d’écriture. Car, en dehors de son fauteuil roulant, son objet le plus familier est son écran d’ordinateur, grâce auquel cet homme de 49 ans peut écrire au quotidien plusieurs heures par jour.

Le matin, il est rédacteur à mi-temps à l’OPALE, où il collabore à l’élaboration de « Relief », journal des locataires, ainsi qu’à d’autres supports d’information.

L’après-midi, il invente des nouvelles qui s’adressent aux enfants. Je sème des nouvelles comme le Petit Poucet semait des cailloux, dans l’espoir que les lecteurs aient envie de me retrouver ailleurs », écrit-il.

Un lyrisme qu’il a cultivé dès son adolescence, avant de venir à Grenoble pour entreprendre des études de Lettres modernes. Mais si sa vocation fut précoce, Bernard Kieken ne s’est véritablement mis à écrire que très récemment, en 1988. « J’ai commencé un peu par hasard, se souvient-il. Un jour, une voyante m’a dit : Puisque vous avez des problèmes d’élocution, pourquoi ne pas écrire ? Cette idée m’a plu et j’ai alors rédigé quatre romans, puis un recueil de nouvelles ».

Et Bernard Kieken, qui est désormais publié dans des revues régionales, continue à semer ses nouvelles.

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MARTOBRE juillet 1999

Béatrice Gaudy

Notes de lecture

Maternalité de Bernard Kieken

D’une excellente tenue, la revue littéraire Nouvelle Plume publiée par Daniel Meunier associe le plus souvent poèmes et nouvelles en un séduisant dosage. Toujours ouverte à de nouveaux talents, elle fait preuve d’une grande fidélité à ceux qui lui paraissent le plus prometteur, leur consacrant des hors-série dans lesquelles une interview avec l’auteur est suivie de quelques-uns de ses textes illustrant les diverses facettes de son talent.

Bernard Kieken, qui est à mon sens l’un des tout meilleur auteur de nouvelles actuels, est l’invité de l’un de ces hors-série.

Ses fictions sont si vraies qu’elles ne paraissent jamais inventées mais sont perçues comme la restitution la plus authentique du réel. C’est que chaque situation est intensément vécue par l’auteur qui sait, avec une sensibilité non dénuée de pudeur, parler de nos souffrances morales ou physiques, de la maladie ou de la mort mais aussi de la révolte, de la tendresse et de la beauté. Car ses héros sont de ceux qui luttent contre les forces adverses de la vie, ce qui, loin d’atténuer la vigueur de cette écriture, contribue au contraire à la rendre attachante. Au demeurant, si Bernard Kieken nous fait partager sa conscience de la fragilité de toute existence, peut-être n’est-ce que pour mieux nous en rappeler le prix révélé par la poésie de son regard et, parfois, l’humour. Une intense émotion se dégage de ses nouvelles dont dix sont réunies dans ce recueil magistral. 

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