Histoire pour les jeunes enfants

Cathy a perdu son doudou. Seul, Bernard pourra l'aider. Mais qui est Bernard?

 

 

 

IL EST OÛ, MON DOUDOU ?

 

 

1

 

J’ai perdu mon doudou

 

 

Depuis ce matin, je cherche mon doudou. Pas moyen de mettre la main dessus. Toutes les cinq minutes, je demande à maman :

– Il est où, mon doudou ?

Elle me répond :

– Je n’en sais rien, Cathy. Il faut que je fasse à manger. Va voir papa.

Papa ne l’a pas vu non plus. Il est fatigué de la descente qu’on a faite ce matin. Alors, évidemment, maintenant, il n’a pas envie de m’aider. En plus, je suis arrivée la première sur la ligne d’arrivée. Il préfère lire le journal. Je suis malheureuse et tout le monde s’en fiche.

Sans mon doudou, je ne vais pas pouvoir survivre, ni manger. Depuis huit jours, on est à la montagne pour des vacances à la neige. Tous les soirs, je m’endors avec lui dans mon lit. Grâce à lui, je n’ai pas peur du noir. On se raconte des tas d’histoires. Je lui avais promis de ne pas le perdre. Je tiens toujours mes promesses ; alors, il faut le retrouver.  

A table, soudain, je hurle :

– JE VEUX MON DOUDOU !

Et je me mets à pleurer.

Papa relève la tête de son journal et me dit :

– Oh chérie, tu ne vas pas faire un caprice pour un doudou. On t’en achètera un autre demain.

– Je ne veux pas un autre doudou, je veux mon doudou !

Maman dit :

– Tu es sûre que tu as bien cherché partout ?

– Oui !

– S’il n’est pas ici, c’est qu’il est ailleurs ! Affirme papa. Essaie de te souvenir de la dernière fois où tu l’as vu.

Je ferme les yeux pour mieux me souvenir : cette nuit, je l’avais dans les bras pour dormir. Ce matin, je l’ai mis dans mon dos pour descendre à skis et, c’est ça :

– J’ai trouvé : je l’ai perdu ce matin !

Papa regarde maman et d’après son air désespéré, j’imagine la pire des catastrophes comme une avalanche, par exemple. Mais tout sauf celle que papa va m’annoncer :

– Retourne-toi, Cathy.

Je me suis tournée vers la fenêtre et j’ai vu la neige qui tombait.

– Elle tombe depuis trois heures. Tu ne t’en es pas aperçue ? demande maman. Pour dénicher ton doudou par-dessous, ça ne va pas être facile !

J’ai l’impression qu’une tonne de plomb m’écrase. Jamais, je ne reverrai mon doudou. Je sens que je vais pleurer encore une fois. Papa dit alors :

– Je ne vois qu’une solution…

Il sort son portable de la poche de son pantalon et fait un numéro :

– Salut Xavier, c’est Yvon ! Tu vas bien ?... Nous, ça va ! Tu ne devineras pas le tour qu’a fait notre fille ? Non ? Figure-toi qu’elle a perdu son doudou sur la piste, ce matin et que c’est LA catastrophe. Elle pleure et elle veut son doudou. J’ai pensé que tu pourrais faire quelque chose. Je sais qu’il neige et qu’il fait nuit. Pas ce soir, bien sûr mais demain matin ?... Tu as toujours Bernard pour t’aider ? Oui. A vous deux, vous avez fait tant de miracles… Je compte sur vous ? A demain.

 

 

2

 

Bernard vient me voir

 

Xavier, le copain de papa, c’est le chef des sauveteurs. Il travaille dans la station. C’est lui qui ratisse les pistes pour retrouver les gens qui sont ensevelis sous les avalanches. Xavier me demande :

– Il est comment, ce doudou ?

– Il a une tête d’éléphant et il fait pouët quand on appuie dessus.

– Et tu l’as perdu où ?

– Sur la piste verte.

– Bien. Il n’y a plus qu’à ratisser cette piste. A cinq, ça ne devrait pas être trop compliqué.

Mentalement, j’ai compté : papa, un ; maman, deux, le sauveteur, trois et moi, quatre.

– C’est qui, le cinquième ?

Le sauveteur a souri et il a dit :

– Bernard, tu viens ?

C’est alors que j’ai vu apparaître une truffe, une énorme truffe et d’aussi énormes pattes dans l’encadrement de la porte. C’était un saint-Bernard comme ceux qui sauvent des gens en montagne. Il avait l’air gentil mais j’avais quand même un peu peur. Il est allé se poster au pied de son maître dans un garde à vous impeccable.

– Bernard, va dire bonjour à Cathy.

Le chien s’est relevé et de son pas tranquille, il s’est approché de moi. Il a mis sa tête sous ma main et j’ai compris qu’il voulait que je le caresse. Il était aussi grand que moi ; je n’ai pas eu besoin de me baisser. Je lui ai fait plein de câlins et de bisous. Apparemment, il aimait ça autant que moi. Je l’ai pris dans mes bras et lui, il m’a bavé dessus. Ses babines étaient pleines de baves et il les a essuyées sur mon pull tout neuf. Il avait l’air tout content de s’amuser avec moi. Maman, par contre, ne paraissait pas heureuse du tout : elle allait devoir laver mon pull.

Au bout d’un moment, le chef des sauveteurs a dit :

– Bon ! Maintenant qu’il s’est bien imprégné de ton odeur, on peut y aller !

 

 

3

 

La piste des oursons

 

La piste verte, on l’appelle aussi la piste des oursons. Pas parce qu’on y rencontre des petits ours mais parce que les enfants y perdent souvent leur ours en peluche. Un peu comme moi, j’ai perdu mon doudou.

On est donc partis sur la piste des oursons. Il avait neigé toute la nuit. La piste était toute blanche. J’avais chaussé mes skis mais j’avançais doucement en regardant partout pour repérer mon éléphant. J’espérais que sa trompe dépasse.

Bernard marchait devant. Ses grosses pattes s’enfonçaient dans la neige en humant l’air ou le sol. Il avait reniflé mes vêtements pour s’imprégner de mon odeur et maintenant, il essayait de la retrouver.

Tout à coup, il s’est arrêté et il a enfoncé sa truffe dans la neige. Comme elle tombait toujours, il a plongé facilement sa tête dedans et il est resté quelques secondes comme ça. On voyait bien qu’il avait découvert quelque chose ; j’espérais que c’était mon doudou. Et puis, sa tête est ressortie avec une chaussette rouge. Alors, papa a dit :

– Ça c’est la chaussette du Père Noël !

– C’est vrai, tous les ans, Bernard la récupère et il faut la lui envoyer dans son pays natal, la Finlande, a renchéri le sauveteur.

– Quelle tête en l’air, ce Père Noël ! A continué maman.

J’allais bouder parce que mes parents se moquaient de moi quand le sauveteur a crié :

– Cherche Bernard, cherche mon chien !

Bernard a repris ses recherches et moi, je l’ai suivi. S’il était capable de retrouver une chaussette, il allait bien finir par retrouver mon éléphant. Bernard est revenu vers moi pour me sentir de nouveau et il est reparti, le nez au vent.

Soudain, il a remué de la queue et il s’est mis à aboyer. Il sautait sur ses pattes. Il avait l’air très excité.

– C’est mon doudou, c’est mon doudou !

– Qu’est-ce qui t’arrive, Bernard ? A demandé le sauveteur. Tu ne vas pas faire durer le suspense toute la journée. Quand c’est un être humain qu’il faut sauver, tu es plus rapide. Dépêche-toi, on a froid, nous !

Mais le chien ne s’est pas calmé. Au contraire, il jappait encore plus fort et il sautait encore plus haut. C’est moi qui l’ai vu le premier. J’ai levé la tête dans la direction où regardait le chien et je l’ai aperçu.

– Mon doudou, là-haut dans l’arbre !

Tout le monde a regardé vers l’endroit que j’indiquais et maman a dit :

– Ça y est, je le vois. Sa trompe est accrochée à une branche. Ça ne va pas être facile de l’attraper. Comment as-tu fait, Cathy, pour le perdre si haut ?

– Ce n’est pas moi, maman, c’est le vent !

– Le doudou a dû s’accrocher et le vent l’a emporté plus haut. On dame les pistes tous les matins ; s’il avait été sous la neige, on l’aurait vu. Le tout, maintenant, c’est de le récupérer, a affirmé le sauveteur.

– Il n’est pas très haut finalement, dit papa. Si tu me fais la courte échelle, je pense être capable de l’atteindre.

– Chouette ! J’ai dit. Papa va grimper sur les épaules du sauveteur.

Papa m’a regardé avec des yeux furibonds mais il n’a rien dit. Le sauveteur s’est posé contre l’arbre et papa a grimpé sur ses épaules. Le chien regardait la scène comme s’il était prêt à intervenir.

Papa a réussi à attraper mon éléphant par sa trompe mais, au dernier moment, il l’a lâché. Le chien a suivi des yeux mon doudou qui tombait et il l’a attrapé dans sa gueule avant qu’il ne s’écrase sur le sol.

– Bravo Bernard ! Tu es bien le meilleur ! A crié son maître.

Le chien est venu vers moi et il a déposé mon doudou dans mes bras. Pour le remercier, je lui ai fait un gros bisou. Lui, il a fait un bon nettoyage de mon visage. J’étais toute mouillée.

Le sauveteur a félicité son chien et il a dit :

– Bon, on rentre ! Après-midi, je promets une belle surprise à Cathy…

 

 

4

La surprise

 

L’après-midi, on avait rendez-vous chez le sauveteur. Quand on est arrivés, c’est le chien qui nous a accueillis. Il balayait l’air de sa queue, tellement il était content de nous voir.

Le sauveteur a dit :

- Venez par ici. Bernard veut vous présenter quelqu’un.

On s’est dirigés vers une cabane dans le jardin et plus je m’en approchais, plus j’entendais de drôles de bruits, comme des couinements. Je suis entrée à l’intérieur et j’ai été stupéfaite. Quatre petits chiots se disputaient joyeusement près de leur mère. Le sauveteur a dit :

– Je vous présente les enfants de Bernard et leur maman !

– Ils sont si mignons ! S’est exclamée maman.  

Je me suis précipitée vers eux pour les embrasser mais maman m’a retenue par le bras. Le sauveteur a dit :

- Tu peux y aller.

J’ai été tout près d’eux et je les ai caressés. Bernard me regardait faire, tout heureux de me montrer ses bébés.

– Il y a deux mâles et deux femelles. Bernard a bien fait les choses. Nous devons les baptiser. Il faut leur trouver des noms, sachant que la mère s’appelle Nolwenn. Ça te plairait d’en proposer ? A demandé le sauveteur. On pourrait leur donner des prénoms de garçons et de filles…

– Oui ! ! J’ai répondu.

J’ai réfléchi très vite et j’ai énuméré :

– Dany et Zaza pour les filles et… Roger et Roudoudou pour les garçons.

– Roudoudou n’est pas un prénom de garçon, a fait remarqué maman.

– Ça ne fait rien. En plus, je trouve que ça lui va très bien, a affirmé le sauveteur. Tu t’es très bien débrouillée.

Alors, je les ai pris un par un dans mes bras et je leur ai murmuré à l’oreille :

– Toi, tu es Zaza et toi, Dany et toi, tu es Roger et toi, tu es Roudoudou.

J’ai regardé mes parents avec des yeux suppliants et j’ai demandé :

– On ne pourrait pas emmener Roudoudou avec nous ?

– Dans notre appartement ! S’est écrié papa.

– C’est de la folie ! A renchéri maman.

– Oh s’il vous plaît !

– Tu l’imagines dans quelques années ? Il sera aussi grand que Bernard…

– Tu sais, les Saint-Bernard ont besoin de se dépenser. Il leur faut des grands espaces, a dit le sauveteur. De plus, nous allons leur apprendre à sauver des vies humaines. Je crois qu’ils seront mieux ici que chez toi.

Et comme il a vu que j’étais triste, il a ajouté :

– Voilà ce que je te propose : tu deviens la marraine d’un des chiots et quand vous reviendrez à la station, tu viendras le voir quand tu veux.

– Oh oui ! Je suis la marraine de Roudoudou !

– Bon ! A dit papa. On va retourner au chalet. Demain, on rentre chez nous. Nous n’avons pas encore fait les bagages. Cathy dit au revoir à Roudoudou !

Je me suis approchée du chiot et je l’ai embrassé sur la truffe. Lui, il m’a léché le visage. D’ailleurs, j’ai fait un gros baiser à tous les chiens et un encore plus gros à Bernard. Il m’a léché deux fois plus le visage que les autres.

Roudoudou, c’est mon plus beau doudou. Plus beau que mon éléphant, tant pis pour lui !

 

 

 

 

 

Cette histoire pour les jeunes enfants cherche un éditeur